Le jour où j’ai découvert que j’étais noire



Je suis née à Paris. Je suis une Parisienne totalement assumée. Il n’en reste pas moins que j’ai grandi avec la fierté de mes racines africaines. Enfant, mon père me racontait que je descendais d’une longue lignée de reines africaines et que je devais marcher la tête haute dans la rue, car j’avais du sang royal. Je vous laisse imaginer ma démarche altière d’adolescente puis de jeune femme ! Les gens n’osaient pas m’aborder, tellement je paraissais inaccessible.

Dans mon imaginaire, j’avais créé une ancêtre reine, aux traits fins et délicats. Bref, je n’avais aucune image précise de ce à quoi ressemblaient mes ancêtres, jusqu’au jour où je vois un reportage à la télé, cela devait être dans les années 80, dans lequel on montrait des enfants biafrais affamés, sales et squelettiques. 


Le lendemain au collège tout le monde en parlait et on me demanda ce que ça me faisait de voir des gens de mon peuple mourir de faim. Un vrai choc ! J’ai dû descendre de toute ma grandeur royale et j’ai bégayé quelque chose. Je n’avais jamais réalisé ce qu’être noir signifiait. Je suis née dans une famille antillaise où toute ma famille avait la même couleur que moi. À l’école j’étais entourée d’enfants blancs et nous étions complices.

Je ne m’étais jamais sentie différente, j’étais juste Jenny-Jo. Après l’épisode du reportage, j’ai commencé à lire les journaux et regarder des documentaires et ce que j’ai découvert m’a sidérée : des noirs défaits par la pauvreté, la famine, la sécheresse, la corruption, les guerres... Bref, comme si toutes les calamités de l’univers s’étaient données rendez-vous sur le continent africain ! Dans le même temps, mes rencontres et mes amitiés me faisaient rencontrer des femmes et des hommes talentueux avec des valeurs et des ambitions et du coup l’image des Africains que je rencontrais ne collait pas avec l’image véhiculer par les médias.


Je n’ai jamais souffert de discrimination ou de racisme direct, mais en discutant dernièrement avec ma fille, elle me faisait part de son étonnement de sentir pour la première fois de sa vie, qu’à compétences égales on lui préférerais une française caucasienne. Nous faisons partie de la seconde génération née en France. C’est pour moi un privilège, nous avons accès à l’éducation, aux soins de santé, à la liberté de penser et d’entreprendre.
Il n’en demeure pas moins que la France à créé un stéréotype imaginaire du français dans lequel on ne me reconnaîtra jamais car je suis une femme noire d’origine africaine.

C’est une vraie fierté, de porter cette histoire passée et d’écrire le futur pour la renaissance du continent africain. Cette renaissance est nécessaire pour apporter plus de justice et de prospérité à tous ces habitants. Ce n’est pas un vœu pieux, c’est une démarche réfléchie et consciente. Je ne pouvais pas faire moins que cela et c’est pour cela que j'ai besoin de vous à mes côtés pour faire de chaque pays de ce continent un endroit sûr où il fait bon vivre pour ses habitants. Ce sera ma contribution, et en faisant cela, je me dois aussi de veiller à ce que l’équilibre demeure et que tous les peuples de la Terre puisse aussi prospérer. Nous avons la possibilité d’écrire une nouvelle histoire pour l’humanité, ne sous-estimez pas votre puissance et votre impact, chacun d’entre-vous compte.

Commençons ensemble cette formidable aventure pour créer une nouvelle civilisation !